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Vaccination et maladies infectieuses du chat

La leucose féline ou FeLV (Feline Leukemia Virus)

La leucose féline est une maladie contagieuse virale, due à rétrovirus. Le virus leucémogène félin est de la même famille que le VIH (le virus du SIDA), mais est spécifique au chat et ne se transmet pas à l'homme. Comme ce dernier, il est à l'origine d'un syndrome d'immunodéficience (déficit immunitaire), mais est également responsable de processus tumoraux. Cette affection est une des premières causes de mortalité féline, hors accidents.
Des chats atteints par le FeLV sont rencontrés dans le monde entier, mais le taux de chats contaminés varie significativement avec l'âge, l'état de santé, l'environnement et le mode de vie des animaux. Ainsi, aux USA, une étude estime que 2 à 3 % de tous les chats sont contaminés, mais que cette prévalence est supérieure à 10 % chez les chats très jeunes, en mauvaise santé ou encore ayant un mode de vie favorisant la contamination. 

Modes de contamination

Les chats présentant une infection persistante sont le réservoir et la source de l'infection. Le virus qui est présent dans le sang est aussi excrété en grande quantité dans la salive et les sécrétions nasales, mais est également présent dans les selles, les urines et le lait.
Il est peu résistant dans le milieu extérieur et la contamination, sans être systématique, se produit le plus souvent lors d'un contact direct. La transmission peut avoir lieu lors de morsure, lorsqu'un chat contaminé en toilette un autre, d'une mère à sa portée et, rarement, entre chats partageant le même bac à litière ou la même gamelle.
Pour la transmission mère-chaton, elle peut intervenir in utero ou après leur naissance, par le lait maternel ou la salive.
Les chats de tous âges peuvent être contaminés, mais les chatons sont plus sensibles à l’infection ; cette sensibilité diminue ensuite au cours de la croissance. Il a ainsi été constaté que l'exposition au virus suffisante pour infecter 100 % de jeunes chatons, provoque la contamination de moins de 30 % d'un échantillon d'adultes.

Compte tenu des modalités de transmission, les chats les plus exposés sont ceux qui sont en contacts prolongés ou fréquents avec des chats infectés ou sont susceptibles d'être mordus par ces animaux. Les catégories d'animaux présentant un fort risque de contamination sont :

  •   les chats vivant dans un effectif comprenant des chats infectés ;
  •   les chats ayant accès à l'extérieur (en particulier chats mâles non castrés) et qui peuvent se battre avec des chats porteurs du virus ;
  •   les chatons nés de mères infectées.

 

Devenir du virus après la contamination et développement de la maladie

Après la contamination, le virus est présent dans le sang : on parle alors de virémie ; lors d'un premier stade de cette infection virale, appelé virémie primaire, certains chats développent une réponse immunitaire suffisante pour éliminer le virus du sang. Le plus souvent, l'infection va toutefois persister et le virus se multiplie dans l'organisme lors d'un deuxième stade, la virémie secondaire ; il est alors aussi présent dans la moelle osseuse et d'autres tissus. Le passage à ce deuxième stade est considéré comme un point de non retour et pour l'écrasante majorité de ces animaux, l'infection est définitive.
Cette phase silencieuse peut durer plusieurs mois, voire plusieurs années sans que la maladie n'apparaisse, ce qui explique que le FeLV est surtout diagnostiqué chez des chats adultes.
A terme, le virus entraîne une diminution des défenses immunitaires, ce qui rend le chat sensible à de nombreuses infections opportunistes : l'animal est alors particulièrement sensible aux germes pathogènes, mais en outre des bactéries, virus, parasites et champignons, qui sont non-pathogènes ou bénins chez des animaux sains, deviennent dangereux pour les chats infectés par le FeLV et peuvent provoquer des maladies graves. Ces infections secondaires sont la principale cause de troubles associés au FeLV, de la détérioration de l'état de santé, puis de la mort des chats infectés.
Les formes tumorales et les maladies sanguines sont également fréquentes (fibrosarcomes, leucémie, lymphome), et souvent fatales, la leucose féline étant la première cause de cancers chez le chat. 

Signes cliniques liés au FeLV

Comme indiqué précédemment, il n'est pas rare que les chats infectés ne présentent aucun signe de maladie pendant plusieurs mois ou années, lors des premiers stades de l'évolution de l'infection.
Toutefois, à terme, l'état de santé de l'animal se détériore lentement, mais inéluctablement ou il présente des maladies récidivantes, alternant avec des périodes de relative bonne santé.
Les signes cliniques les plus fréquemment observés sont :
une perte d'appétit, accompagnée initialement d'une perte lente et progressive de poids, puis par un amaigrissement marqué lors des stades avancés de la maladie ;
un pelage de mauvaise qualité ;
une hyperthermie persistante ;
des nœuds lymphatiques hypertrophiés ;
des infections cutanées, urinaires et/ou respiratoires ;
des diarrhées chroniques ;
diverses affections oculaires ;
des muqueuses pâles ;
des inflammations buccales (stomatites, gingivites), avec des ulcères des muqueuses ;
des modifications du comportement et des troubles neurologiques (convulsions, etc.) ;
des troubles de la reproduction (avortements, etc.) chez les femelles non stérilisées.
 

Diagnostic de la leucose féline

Les signes cliniques peuvent être évocateurs de la leucose, mais un examen complémentaire sanguin est nécessaire pour établir le diagnostic de certitude. Ces tests sanguins permettent également de dépister les chats séropositifs, qui n'ont pas encore déclaré la maladie et sont donc cliniquement normaux.
Il existe 2 types de tests sanguins permettant de détecter la présence du FeLV dans le sang ; tous deux sont basés sur la mise en évidence d'une protéine constituant l'enveloppe du virus :

  •  les tests utilisant la méthode ELISA sont des kits de test rapide qui peuvent être réalisés en quelques minutes lors d'une consultation chez le vétérinaire. Ils détectent les virémies primaires et secondaires. En cas de résultat positif et selon le contexte, le vétérinaire peut être conduit à proposer de tester à nouveau le chat ultérieurement, car lors de virémie primaire, le virus peut être éliminé par certains animaux, qui redeviennent alors séronégatifs quelques mois plus tard.
  •  les tests utilisant une technique d'immunofluorescence indirecte (IFI) sont plus complexes à mettre en oeuvre et le prélèvement sanguin doit donc être envoyé dans un laboratoire d'analyses vétérinaires. Ils détectent seulement les virémies secondaires et les animaux présentant un résultat positif sont ceux qui pour la très grande majorité, sont définitivement infectés.

Les tests ELISA permettent donc une détection plus précoce que les tests IFI et fournissent un résultat immédiat lors de la consultation. Par conséquent, ils sont souvent utilisés en première intention par les vétérinaires et, en cas de résultat positif, celui-ci pourra proposer :

  •  un test IFI pour déterminer le stade de la virémie (primaire ou secondaire) ;
  •  et/ou un nouveau test quelques mois plus tard, pour voir s'il s'agissait d'une virémie primaire transitoire. 

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Prise en charge et pronostic de la leucose

Prise en charge

Pour les chats séropositifs, mais ne présentant pas de signes cliniques, l'objectif consiste d'une part à réduire le risque d'infections opportunistes qui peuvent survenir lorsque les défenses immunitaires s'affaiblissent, d'autre part à détecter le plus tôt possible tout début d'expression clinique de la maladie, afin d'essayer de la traiter précocement et de la contrôler au mieux.

Prévention des infections opportunistes

Il est conseillé de ne pas laisser sortir les chats infectés car le milieu extérieur est propice aux contacts avec des chats qui peuvent être porteurs de germes potentiellement pathogènes pour un animal immunodéprimé. Ce confinement est aussi une mesure de prévention de la transmission du FeLV, puisque ces chats infectés sont contagieux.
Cette mesure à priori simple n'est pas toujours facile à imposer à des chats habitués à aller à l'extérieur et ce changement de mode de vie radical peut être mal supporté. Si cela se révèle trop contraignant à l'usage ou néfaste pour le chat et qu'il continue à sortir, il est impératif de faire castrer les chats qui ne sont pas stérilisés : cette mesure a, elle aussi, pour but d'éviter des contacts étroits (accouplements, bagarres) avec d'autres chats, qui peuvent être sources d'infections opportunistes pour le chat infecté par le FeLV, mais réduit aussi le risque de contamination par le FeLV de chats sains. La stérilisation des femelles infectées évite également la naissance de chatons qui présentent un risque élevé d'être contaminés.
Il convient également d'être attentif à l'alimentation de ces chats infectés : leur fournir une ration complète et équilibrée est encore plus important que pour des animaux sains et il est en outre conseillé d'éviter les aliments crus (viandes, abats, œufs, produits laitiers non pasteurisés) : ceux-ci sont en effet plus susceptibles de contenir des bactéries ou des parasites pathogènes, mais aussi des germes normalement bénins, mais qui ne sont pas inoffensifs pour les chats immunodéprimés.

Dépistage précoce d'une expression clinique de la maladie

Les propriétaires de chats infectés doivent être particulièrement vigilants à tous les signes inhabituels apparaissant chez leur chat : amaigrissement, apathie, modification du comportement, diarrhées, toux, difficultés à uriner, etc. Il est également souhaitable de peser régulièrement l'animal, afin de repérer précocement toute perte de poids : en effet, l'amaigrissement est souvent un des premiers signes de la détérioration de l'état de santé d'un chat ayant le FeLV.
Si des anomalies sont constatées, il convient d'en informer son vétérinaire qui pourra juger de la nécessité d'une consultation et de la mise en place éventuelle d'un traitement. Si l'animal montre un état de santé stable, il est toutefois souhaitable de faire régulièrement des visites de suivi chez le vétérinaire ; une périodicité de 6 mois est alors souvent conseillée. Le vétérinaire fera un examen clinique approfondi, en portant une attention particulière aux organes qui sont le plus souvent le siège de lésions liées au FeLV, à savoir les muqueuses buccales, les ganglions lymphatiques, la peau et les yeux. Le vétérinaire peut également proposer des analyses sanguines (numération et formule sanguine, et examens biochimiques).

Chez les chats qui sont dans la phase d'expression clinique de la leucose, la prise en charge consiste alors à traiter les infections opportunistes ou à prendre en charge les processus cancéreux. Pour ces derniers le vétérinaire examinera avec le propriétaire l'intérêt de traitements souvent lourds (chirurgie, chimiothérapie) et aux effets indésirables qui peuvent marqués, en particulier chez des chats infectés par le FeLV. Par exemple, l'exérèse d'un fibrosarcome cutané isolé chez un chat dont l'état général est normal peut être envisagé, le choix se porte souvent sur des traitements symptomatiques ou palliatifs, qui ne sont pas destinés à traiter le cancer, mais à offrir à l'animal un bon confort de vie.

Pronostic du FeLV

Pour les chats définitivement infectés, l'évolution est inéluctable et aboutit à plus ou moins long terme à une expression clinique et à la mort de l'animal, causée par une maladie liée à l'infection par le FeLV ; à ce jour, aucune étude n'a pu mettre en évidence une efficacité des traitements antiviraux, immunomodulateurs ou alternatifs sur la santé ou la durée de vie des chats séropositifs asymptomatiques.
L'espérance de vie des chats infectés est variable. Avec une prise en charge adaptée, ils peuvent conserver un bon état de santé pendant plusieurs années. Pour la majorité des animaux, la mort survient dans les 2 à 3 ans qui suivent l'infection. Il faut également garder à l'esprit que lors d'un test de dépistage de routine chez un chat en bonne santé apparente, celui-ci peut avoir été infecté récemment, mais qu'en revanche, lorsque le diagnostic de FeLV est établi chez un animal malade, l'infection est souvent ancienne et l'espérance de vie plus courte. Celle-ci dépend alors beaucoup de l'avancement de la maladie, et de l'importance de la dégradation de l'état général ; elle est par exemple plus courte chez un chat présentant des infections récidivantes graves, un processus cancéreux évolué, une perte de poids marquée ou une fièvre persistante. 

Prévention de la leucose

La prévention la plus efficace consiste à éviter que les chats sains soient en contact avec des chats infectés (et avec les sécrétions susceptibles de contenir le virus) ; l'idéal serait donc que le chat ne sorte pas à l'extérieur, ce qui est possible pour les chats vivant en appartement, mais rare et difficile pour les autres, ou s'il sort, qu'il n'ait accès qu'à des lieux dont il ne peut sortir (cour ou jardin clos).
Il faut également éviter que se côtoient dans un même effectif des chats sains et des chats infectés, et il conviendrait par conséquent de s'assurer par un test avant l'adoption, que tout nouveau chat qui vient rejoindre des chats sains, est lui même indemne de FeLV.

Dans les faits, la majorité des chats sont susceptibles d'être en contact avec des chats infectés (principalement parce-qu'ils circulent librement à l'extérieur) et à défaut de pouvoir empêcher toute exposition, les mesures pour réduire les risques de contamination sont :

  •  la vaccination. Plusieurs laboratoires pharmaceutiques vétérinaires proposent des vaccins ; ceux-ci présentent une bonne efficacité, sans toutefois être efficace à 100 % : la vaccination ne dispense donc pas des autres mesures de prévention. Un test de dépistage préalable est souvent pratiqué pour vérifier que le chat n'est pas séropositif car dans ce cas, la vaccination est inutile ;
  •  la castration, qui limite les contacts à l'origine du plus grand nombre de contaminations (accouplement, bagarres entre chats) ;
  •  pour les chats d'un effectif mêlant des animaux infectés et indemnes, il faut si possible les séparer physiquement dans le foyer et sinon, avoir des gamelles distinctes pour la nourriture et la boisson et des litières également individuelles. Dans la pratique, cette séparation est souvent difficile à faire respecter.

 

La leucose est une des maladies les plus graves du chat, en raison de son évolution mortelle et de l'absence de traitement. La protection des chats contre cette infection repose donc exclusivement sur la prévention. Heureusement, la faible résistance du virus dans l'environnement limite le risque de contamination indirecte et après le décès d'un chat ayant la leucose, l'élimination du virus de l'environnement a lieu naturellement en quelques heures. Ce chat pouvait toutefois avoir contracté d'autres maladies infectieuses graves, et la désinfection ou le remplacement de tout son matériel (gamelles, bac à litière, lieu de couchage, jouets) est donc conseillé si un nouvel animal doit être adopté.
Rappelons enfin qu'aucune transmission du chat à l'homme n'a été mise en évidence pour cette maladie ; les chats infectés sont toutefois plus susceptibles d'être porteurs d'autres maladies infectieuses, et au cas par cas, il est parfois conseillé qu'ils ne soient pas en contact avec des personnes immunodéprimées (chimiothérapie, sida), les femmes enceintes, les très jeunes enfants ou les personnes très âgées.
 



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